César Franck
César Franck © Cinzia Rota

Classicagenda fête les 200 ans de la naissance de César Franck

3 minutes de lecture

Le bicentenaire de la naissance de César Franck (1822-1890) est une magnifique occasion de découvrir et de mieux approfondir les traits de la personnalité étonnante du musicien. Notre collaborateur Franck Besingrand vous propose un dossier en 3 parties.

Franck, mélange de romantique (à l’inverse d’un Berlioz, « sans trop de vagues ») et de franciscain épris de labeur, bienveillant, à la vie réglée et absorbée, dénué de grandiloquence ou d’artifice… En bref, un être hors normes dont les qualités premières resteront la sincérité, l’intégrité, la fidélité à son idéal créatif et spirituel. « La noblesse de la vie de Franck, indissociable de la beauté de son œuvre, est précisément de n’avoir ni méconnu la réalité, ni méprisé les contingences humaines, mais de ne point leur avoir cédé » écrit Alfred Cortot (La musique française de piano, Rieder, 1930), l’un de ses plus grands interprètes.

L'orgue de la basilique Sainte-Clothilde à Paris
L’orgue de la basilique Sainte-Clothilde à Paris © DR

L’histoire de César Franck peut se résumer en quelques mots :

Comment un musicien Belge de naissance (lire notre article sur Franck à Liège), propulsé dans Paris vers 1830 pour parfaire ses études et se faire un nom comme virtuose du piano et compositeur (magnifiques Trios avec piano, admirés de Liszt) fut amené à trouver une autre voie ? En effet, il vécut de longues années d’incertitudes créatrices, d’essais peu fructueux dans le domaine de l’opéra avant de devenir compositeur de musique sacrée (Messes, Oratorios, Motets et hymnes), organiste de la Basilique Sainte-Clotilde dès 1859 et pédagogue recherché. Il connaîtra dans les dix dernières années de sa vie un réveil foudroyant avec une série de chefs d’œuvres dans les domaines de la musique symphonique, de chambre, d’orgue et de piano, aptes à lui assurer une place d’honneur dans le renouveau musical de la fin du XIXème siècle.

Détail du monument Franck au square Sainte-Clothilde
Détail du monument Franck au square Sainte-Clothilde © DR

Le fameux Pater seraphicus

Les ambivalences d’une personnalité complexe ont été la source de nombre d’images d’Epinal, de jugements réducteurs pouvant occulter ou déformer le musicien : ainsi celui, très connu, du fameux Pater seraphicus. Une véritable « appellation contrôlée », sortie tout droit du laboratoire du franckisme (nom donné à cette école fondée par les propres élèves du maître) ! Cette image se trouve pleinement illustrée dans le monument du square Sainte-Clotilde, près de l’église. Ce monument devint le lieu de culte à l’image séraphique du musicien, à tel point que Camille Mauclair s’en offusqua : « Ce n’est que le spectacle inerte et figé de sa vraie gloire. » (La Religion de la musique, Librairie Fischbacher, 1909).

César Franck en 1862
César Franck en 1862

Le sobriquet de Pater seraphicus fut donné avec dévotion par les disciples, afin de cimenter leur ferveur et pour donner du corps à leur idéal artistique. Autour du maître prit forme un cénacle vite appelé « la bande à Franck ». On pouvait y trouver les meilleurs compositeurs en devenir : Henri Duparc, Arthur Coquard, Alexis de Castillon, Vincent d’Indy, Ernest Chausson, Augusta Holmès.

« Elévation constante à la musique »

Seule comptait pour Franck cette « élévation constante à la musique » dont parle Debussy : si elle lui suffisait pour toucher le cœur et l’âme. Dans un déroulement du temps presque immuable, sa vie semblait s’écouler dans une apparence tout à fait paisible, presque effacée, partagée entre une certaine soumission à ses tiers (due à l’emprise et au despotisme qu’il eut à subir de son père), aux contingences du quotidien et à une difficulté d’assumer totalement son indépendance d’esprit. Sa musique apparaissait, tant pour ses disciples que pour ses adversaires, tout à fait « sérieuse » car capable d’élever l’âme en échappant aux excès de frivolité du Second Empire, dans une époque éprise d’opéras, d’opérettes et de mélodies de salons, que Romain Rolland n’hésitait pas à décrire comme  « un incroyable affaiblissement du sentiment musical ».

 

Retrouvez le dossier sur Classicagenda :

(1/3) Franck, un romantique ?

(2/3) Un enseignement de haut vol 

(3/3) Une oeuvre aux multiples facettes

 

Franck, entre raison et passion, un ouvrage de Franck Besingrand
Franck, entre raison et passion, un ouvrage de Franck Besingrand

Franck Besingrand est organiste, compositeur et musicologue. Il a publié plusieurs biographies de compositeurs français et collabore à des revues musicales tant françaises qu’internationales. Pour Classicagenda, il a réalisé les portraits musicaux de Vierne, Duparc, Tournemire, Franck, et un hommage à Jean Gallois.

Derniers articles de A la loupe