Ismaël Margain donnait un récital à Domme
Ismaël Margain donnait un récital à Domme © Patrick Ernaux

Ismaël Margain à Domme : récital de l’enfant du pays

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Samedi 27 avril, on retrouvait Ismaël Margain à Domme, jolie bastide médiévale, non loin de sa ville natale de Sarlat. C’est dans une salle de la Rode comble et devant un public conquis d’avance, qu’il a présenté avec délicatesse et soin, un récital autour des impromptus de Chopin et Fauré : une alliance de charme interprété avec une élégante clarté.

Pour atteindre Domme, lieu du concert, mieux vaut être motorisé, car ce village, l’un des plus beaux de France, se mérite ! Pas de train, pas de bus, et la bastide est perchée sur une falaise de 210 mètres – avec vue imprenable sur la vallée de la Dordogne. Mais les mélomanes du Périgord sont particulièrement friands de ces occasions de se rendre dans les superbes villages historiques, qui sont pour chacun, un peu comme des bijoux de famille.

C’est donc une salle archi-comble qui attendait Ismaël Margain, l’enfant de Sarlat, qui a fait son chemin dans le monde musical parisien.

 

Elégance et intimité des impromtus

Il introduit le concert par un prélude de Bach suivi des premiers impromptus de Fauré et Chopin. Son jeu est très clair, très articulé, mais on peut ressentir une certaine froideur alliée au son légèrement métallique de ce Steinway… C’est néanmoins convaincant, mais surtout, très vite, le froid se dissipe. Son jeu se réchauffe et toute la salle avec, ses nuances semblent s’arrondir et se mouvoir tout en gardant un jeu sans affectation.

Ismaël Margain donnait un récital à Domme
Ismaël Margain donnait un récital à Domme © Patrick Ernaux

Après une première salve d’applaudissements, spontané et affable, Margain prend la parole pour présenter ses choix et changements de programme. Celui-ci devait initialement faire entendre 8 impromptus de Fauré, suivis de ceux de Chopin. Mais Margain, choisit très judicieusement de mettre des pièces des deux compositeurs face à face, par concordance de tonalité, et introduit de ci de là quelques heureuses surprises, comme cette étude de Chopin bien corsetée. Il s’en suit un programme à la fois uni par la forme des pièces et varié par l’humeur et les deux langages très caractéristiques de Fauré et Chopin. Ainsi, des impromptus peu connus aux incontournables du genre, Margain amène le public vers un monde d’harmonie empreint d’une sentimentalité élégante. Son piano se fait souple et nuancé et son propos garde tout du long la clarté de l’articulation avec une belle intonation, sans débordements.

Le concert se clôture sur la brillante Fantaisie-Impromptu de Chopin et le dernier impromptu de Fauré, et le public en redemande. Au total Ismaël Margain (que l’on a pu entendre au Festival de Pâques de Deauville 2019) offrira quatre bis, si bien qu’en panne de pièces préparées, il finit par une improvisation à partir d’un thème de Chopin sur un développement jazzy de son cru.

Un récital intimiste, typique de ceux dont les mélomanes se délectent, alliant une grande qualité musicale à un lieu charmant qui donne un avant goût des festivals d’été… On attend maintenant la version CD de ce programme, qu’Ismaël Margain est justement en train de préparer, en espérant qu’il saura y conserver la fraîcheur sans affectation de ce soir.

 

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