Dans le “Point d’orgue” du week-end : “Sur les rivages de la Baltique”, proposé par la Maison de la Radio, le récital de l’organiste lettonne Iveta Apkalna nous a fait voyager en répertoire méconnu ! Une musique témoin d’une histoire mouvementée à travers les siècles… Sur le thème de Riga et de l’orgue baltique, la nouvelle titulaire de l’orgue de la Philharmonie de l’Elbe (Elphie, pour les intimes) à Hambourg, nous a fait découvrir des partitions aux couleurs contemporaines.
L’organiste, venue jouer à deux reprises à Paris, à l’église de La Trinité, ouvrait le concert avec ce qu’elle considère “sa carte de visite” : une lumineuse et scintillante Toccata sur le choral Allein Gott in der Höh sei Ehr du letton Alvars Kalējs. Notons que l’artiste a étudié le piano et l’orgue en Lettonie, puis à Londres et Stuttgart et a obtenu de nombreux prix entre 2002 et 2005. Elle poursuit aujourd’hui une carrière internationale et collabore avec de célèbres chefs d’orchestre.
La Fantasia d’Ēriks Ešenvalds, créée en 2005 et dont elle est dédicataire, instaurait ensuite un climat serein malgré un tempétueux crescendo dans la partie centrale de l’œuvre.
Raphaël Perraud, violoncelliste super soliste à l’Orchestre National de France, a rejoint alors la musicienne pour l’interprétation de Musique du soir composée par le letton Pēteris Vasks. Douce atmosphère vespérale incitant à la mélancolie où l’on s’imaginerait volontiers face à un soleil couchant sur les rives de la Baltique… On retrouvera, par ailleurs, en deuxième partie du concert son solennel Te Deum.
De la mer Baltique aux bords de Seine parisiens, il n’y a finalement que quelques mesures… Ainsi, Iveta tenait à rendre hommage au compositeur Olivier Messiaen, longtemps titulaire de l’orgue de La Trinité à Paris avec Lux aeterna – in memoriam Olivier Messiaen, d’Aivars Kalejs. Cette pièce précédait la virtuose transcription de la Toccata opus 11 de Serge Prokofiev par un autre français, Jean Guillou. Comme un second clin d’oeil au riche passé musical russe, la Passacaglia (extrait de Lady Macbeth de Mzensk) de Chostakovitch clôturait le récital.

En seconde partie, outre le haut noir scintillant de l’artiste on a pu remarquer l’usage de chaussures à talon haut pour la partie de pédalier. Cela peut paraître insolite, mais le programme nous apprend qu’elles sont réalisées sur mesure et lui permettent de jouer plusieurs notes à la fois !
De cette partie du concert, on retiendra la musique du célèbre compositeur estonien Arvo Pärt, représenté ici par une transcription pour orgue de Spiegel im Spiegel, cependant moins convaincante à l’orgue que la version d’origine pour piano et violon.
En bis, Iveta Apkalna, nouvelle titulaire de l’orgue de la Philharmonie de l’Elbe à Hambourg, devait nous offrir une interprétation personnelle de la célèbre pièce Toccata, Adagio et Fugue en do majeur de Jean-Sébastien Bach. Imprégnée d’une histoire partagée avec la famille Bach, la ville hanséatique de Hambourg vient de se doter d’une magnifique “Philharmonie de l’Elbe”, dont l’orgue flambant neuf du facteur Klais (à qui l’on doit notamment l’orgue de nef de la cathédrale de Cologne) constitue une pièce essentielle. Avec ses 25 tonnes, 4765 tuyaux, 69 jeux, dont 4 installés dans le réflecteur situé au dessus de la scène (correspondant au clavier d’écho), l’instrument jouera un rôle primordial dans les futures programmations. Un orgue à portée de main puisque les spectateurs auront le privilège de pouvoir toucher certains tuyaux, précisément étudiés pour cela.
Un “orgue pour tous”, à l’instar de celui de Radio-France, à une différence près : l’orgue de l’Elphie a été financé grâce au don généreux de 2 millions d’euros de l’homme d’affaire hambourgeois Peter Möhrle !