Le dimanche 24 septembre, un air de fête régnait au Grimaldi Forum de Monaco pour le concert d’ouverture de la saison 2023-2024 de l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo. Il s’agit de la huitième saison sous la direction artistique et musicale de Kazuki Yamada, qui est également chef principal de l’Orchestre symphonique de Birmingham (CBSO).
Le concert a commencé par l’œuvre la plus connue du compositeur polonais Andrzej Panufnik (1914-1991) : sa Symphonie n° 3 (« Sinfonia sacra ») qui obtint le prix de composition Prince Rainier III et fut créée par l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo la même année, en 1963. La lecture qu’a donnée Yamada de cette œuvre quelque peu unidimensionnelle, a mis en valeur les quatre trompettistes placés dans les coins de la vaste scène du Grimaldi Forum. Compte tenu de l’acoustique, moins qu’idéale dans cette salle, ces musiciens ont dû relever le défi de coordonner les nombreux passages à l’unisson.
La deuxième partie du programme était consacrée à la Symphonie n° 2 (« Résurrection ») de Gustav Mahler, l’une des quatre œuvres de Mahler qui seront jouées au cours de cette saison. Pour mieux souligner la structure des mouvements Yamada a utilisé efficacement les changements de tempo et les silences. L’un de ses points forts en tant que chef d’orchestre est qu’il sait s’effacer, comme dans la longue section pizzicato du deuxième mouvement (Andante moderato), où il a pratiquement cessé de diriger pour permettre aux musiciens de jouer comme un grand orchestre de chambre. L’orchestre a joué brillamment, avec de charmants portamenti dans les cordes et d’admirables contributions des différents solistes. La légère fatigue perceptible dans les cuivres au fur et à mesure que ce long concert avançait était peut-être due à la symphonie tonitruante de Panufnik, qui n’était peut-être pas le choix le plus judicieux pour précéder les exigences mahlériennes.

Le quatrième mouvement « Urlicht » a été chanté avec une simplicité émouvante par la mezzo-soprano Catriona Morison qui a remplacé au pied levé Gerhild Romberger, souffrante. Dans le finale, Morison a été rejointe par la soprano Eleanor Lyons et le puissant chœur du CBSO.
Dans le programme que Mahler a écrit pour sa symphonie, il évoque le prêche de Saint Antoine aux poissons, écoutant le sermon dans un recueillement apparent sans que cela ne change en rien leur comportement. On ne peut s’empêcher de voir cette métaphore sous l’angle de la crise climatique actuelle et se demander si la pratique de faire venir un chœur de 96 chanteurs de l’étranger pour une seule représentation dans laquelle ils ne chantent que pendant les 15 dernières minutes sera durable à l’avenir. Quoi qu’il en soit, les membres du CBSO Chorus ont fait preuve d’une admirable versatilité, allant de pianissimos feutrés (gâchés par une cavalcade de sonneries de téléphones portables) aux exclamations triomphantes de la résurrection.