Samedi 19 janvier, pour ce quatrième rendez-vous de la Schubertiade de Sceaux, l’altiste Léa Hennino et le pianiste Pierre-Kaloyann Atanassov offraient un duo chambriste passionné et passionnant. Au programme : des pièces de Schumann, Brahms et Schubert.
Répartie en 6 concerts d’octobre 2018 à mars 2019, cette nouvelle proposition artistique a vu le jour dans les Hauts-de-Seine sous la houlette de Pierre-Kaloyann Atanassov, son directeur artistique. Et l’on peut d’ores et déjà avancer que le succès public des premières dates semble de bon augure pour cette Schubertiade !
Cette initiative vient compléter l’offre musicale estivale proposée par le Festival de Musique de chambre de l’Orangerie de Sceaux créé par le quartettiste Alfred Loewenguth en 1969.
En écho aux Schubertiades du 19ème siècle organisées dans les salons viennois, l’évènement se déroule dans le cadre de l’Hôtel de ville de Sceaux au sein d’une salle modeste mais propice à l’audition d’un concert de musique de chambre.
Les 3 Fantasiestücke op 73, initialement composées pour clarinette et piano, sont ici interprétées avec l’alto de la brillante Léa Hennino. La douceur de timbre de l’instrument imprègne la première pièce d’une évidente mélancolie tandis que Rasch und mit Feuer referme le triptyque dans un élan passionnel, jusqu’à l’acmé final.
La Sonate op120 n°2 en mi bémol majeur constitue le testament chambriste de Brahms. Et quelle vitalité dans la retranscription de cette oeuvre, dans les échanges entre les deux musiciens, notamment dans son Allegro appassionato avec Trio, où alto et piano exaltent une mélodie d’un grand romantisme. Les variations du dernier mouvement restent dans le même sillon, entre contrastes saisissants et éclairages intimistes.
Le concert se poursuit avec l’enivrant Scherzo de la sonate FAE – les notes Fa, La, Mi sont utilisées en référence à la devise du violoniste Joseph Joachim “Frei aber Einsam” (libre mais seul) – de Brahms, puis, la Sonate arpeggione D 821 en la mineur de Schubert conclura le récital.
Encore une oeuvre qui n’est pas dédiée à l’alto mais composée ici pour l’arpeggionne, instrument hybride entre guitare, violoncelle et viole de gambe. Trois mouvements en guise de bouquet final. La complicité entre les deux artistes se fait sentir au fil d’une oeuvre traversée par les sentiments antagonistes du compositeur.
Après un premier mouvement au charme irrésistible, l’alto fait preuve d’un lyrisme saisissant dans l’adagio, toujours accompagné par un piano attentif aux couleurs de la partition, et respectant un équilibre sonore si difficile à maintenir en duo. Une maîtrise que Pierre-Kaloyann Atanassov cultive aussi au sein du Trio Atanassov, et que l’on retrouve à l’écoute de leur premier album dédié à Smetana et Dvořák.
L’enthousiasme du public à l’issue de l’Allegretto final sera sans nul doute au rendez-vous, une nouvelle fois, lors des deux derniers concerts proposés par Guillaume Coppola le 16 février puis par le Quatuor Elmire et Sarah Sultan le 30 mars.