Samedi 5 mai, à la Cité de la Musique et de la Danse de Strasbourg, la manifestation nationale “Tous à l’Opéra” a permis de lever le voile sur le travail des danseurs du Ballet de l’OnR lors d’un échauffement, avant le spectacle “Les Beaux dormants”.
La manifestation Tous à l’Opéra 2018, qui se donne pour objectif “d’inciter le public le plus large à franchir les portes des maisons lyriques”, était placée sous le signe de la danse et parrainée par Aurélie Dupont.
A Strasbourg, avant de rejoindre l’Opéra national du Rhin pour une répétition des Sept Péchés capitaux, le public pouvait prendre la mesure d’un échauffement quotidien de danseur d’opéra. Ainsi, plus d’une centaine de personnes ont eu le privilège d’assister à une séance de travail lors d’une classe ouverte au sein de l’auditorium de la Cité de la Musique et de la Danse.
Le spectacle que la troupe de l’OnR va donner ce week-end là, Les Beaux dormants de la chorégraphe canadienne Hélène Blackburn, et destiné au jeune public, s’inspire de La Belle au bois dormant de Tchaïkovski.
L’échauffement
Les barres montées au centre de la scène forment un rectangle autour duquel les jeunes artistes vont évoluer sous la houlette d’Adrien Boissonnet, maître de ballet. Une bouteille d’eau marque l’emplacement de chaque danseur.
“Attention à ce que votre talon revienne bien en 5ème… on se penche en avant…”. Sur fond musical, les indications du maître de ballet rythment avec régularité l’ambiance studieuse de l’après-midi. Après les barres, ce seront les exercices destinés aux pointes, les pieds féminins devant s’adapter à cette posture délicate.
Pour clôturer la séance et afin de permettre une certaine proximité avec le public, il était possible d’échanger avec les danseurs en bord de scène.



Le Ballet de l’Opéra national du Rhin compte aujourd’hui 32 danseurs : 17 femmes et 15 hommes âgés de 20 à 43 ans, sélectionnés en audition privée. “Nous demandons aux personnes qui se présentent d’avoir un excellent niveau technique de danse classique ainsi que l’expérience de la scène et de la danse contemporaine” détaille Adrien Boissonnet. Bruno Bouché, directeur de la danse à l’OnR, a le dernier mot pour le recrutement des danseurs. Son aval est donné après un entretien permettant de définir la compatibilité de l’artiste avec le caractère de la compagnie.
Les danseurs du Ballet débutent chaque journée par une classe de danse. Ils répètent deux fois par jour et 5 jours par semaine pendant les périodes de production en studio. “Dès que les spectacles arrivent, les semaines sont décalées et nous pouvons travailler plus de cinq jours d’affilée en fonction des exigences de la programmation” ajoute Adrien Boissonnet.
Le maître de ballet, un médiateur
Avant de se voir confier le poste de maître de Ballet, Adrien Boissonnet a évolué à l’Opéra de Nice, au Staatsoper Dresden, à l’Aterballetto, ou encore au Ballet de Bäle.
Au sein du Ballet de l’OnR il se définit comme un “médiateur entre les différents corps de métiers du théâtre”. Entraînement des danseurs, répétitions, conseils, partage de savoir-faire, créations en studio, entrée au répertoire de nouvelles pièces, un maître de ballet doit “s’imprégner du style et des exigences de chaque chorégraphe” confie Adrien Boissonnet. “Après avoir appris les chorégraphies, il doit les mettre en place dans chaque théâtre de façon à ce qu’elles restent fidèles à l’oeuvre originale”.
Un “homme-orchestre” en lien permanent avec les techniciens, les musiciens, et l’administration. La qualité essentielle pour cette fonction ? “La faculté à communiquer” note le maître de ballet.
Créé en 1972, année de formation du syndicat intercommunal de l’Opéra du Rhin par les villes de Strasbourg, Mulhouse et Colmar, le Ballet s’est vu labellisé Centre Chorégraphique National (CCN) en 1985. Il se voit donc investi d’une mission de présentation d’oeuvres du répertoire à un large public, couplée à la programmation de nouvelles créations chorégraphiques.
Seul CCN au coeur d’un opéra
Le “Ballet du Rhin”, son nom à l’époque, demeure le seul CCN (parmi les 19 Centre en France) à évoluer au coeur d’une maison d’opéra, ce qui fait sa particularité. D’abord installé à Strasbourg, il déménage à Mulhouse en 1974 dans ses propres locaux, avant de prendre son envol à l’international, mené par des directeurs de renom tels que Peter Van Dyk, Jean Sarelli, Jean-Paul Gravier, Bertrand d’At, Ivan Cavallari, puis Bruno Bouché, ancien membre du Corps de Ballet de l’Opéra national de Paris, aux commandes aujourd’hui.
Le CCN fait donc vivre la danse dans les trois villes alsaciennes mais aussi en région, en France et à l’étranger.
Vecteur de diffusion des oeuvres lyriques et chorégraphiques, le Ballet de l’OnR constitue l’un des 8 “ballets d’opéra” en France (7 en régions auxquels il faut ajouter le Ballet de l’Opéra national de Paris, l’OnP).
Côté effectifs, en 2017, la Réunion des Opéras de France comptabilisait 363 postes de danseurs dont 154 au sein du Ballet de l’OnP. Aujourd’hui, preuve de la vitalité de cet art, 5000 danseurs professionnels et plus de 500 compagnies animent la vie chorégraphique de notre pays !