Les Sacqueboutiers de Toulouse
Les Sacqueboutiers de Toulouse © Les Sacqueboutiers

Magnificat : réjouissances baroques à Nice

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Jeudi 16 décembre, nous avons assisté au concert Magnificat ! Concert pour la Nativité, organisé par les Moments Musicaux des Alpes-Maritimes. Un moment festif qui réunissait trois ensembles d’exception.

 

Si dans un monde parfait les amateurs de musique ancienne pouvaient organiser une célébration de Noël idéale, qui inviteraient-ils ? Ils pourraient, par exemple, commencer par les huit instrumentistes de l’ensemble Café Zimmermann, célèbres pour leur maîtrise du style baroque. Se joignant à eux, les huit chanteurs de l’Ensemble Clément Janequin apporteraient à la fête leur verve caractéristique. Et comme cerise sur le gâteau, il y aurait les cinq virtuoses de l’ensemble mythique Les Sacqueboutiers de Toulouse. Or, ce n’était pas un rêve : c’était précisément l’événement festif organisé ce 16 décembre à la Cathédrale Sainte-Réparate à Nice.

Le thème de ce programme était le Magnificat, le cantique de Marie, fréquemment mis en musique à la Renaissance et à l’époque baroque. Les musiciens ont eu le mérite de ne pas interpréter une énième fois le Magnificat BWV 243 de Johann Sébastien Bach, mais ont fait découvrir au public le plus ancien Magnificat SWV 468 (dit d’Uppsala) de Heinrich Schütz (1585-1672), et le Magnificat anima mea de Johann Rosenmüller (1617-1684), plus rarement exécuté.

Café Zimmermann
Café Zimmermann © Jean-Baptiste Millot

Le programme fut complété par une sélection d’œuvres sacrées plus brèves : la Sonate XII, Tam Aris quam Aulis servientes de Biber, « Ehre sei Gott in der Höhe » de Johann Michael Bach et « Die mit Tränen säen », SWV 42 de Schütz. Les deux ensembles instrumentaux se sont également illustrés individuellement : les Sacqueboutiers dans une interprétation captivante de la Canzon super « O Nachbar Roland » de Samuel Scheidt, et Café Zimmermann dans la Sonate IX a cinque de Biber aux rythmes dansants.

La structure en plusieurs sections du Magnificat de Schütz a rendu la coordination un peu difficile pour les 21 musiciens dans l’espace réverbérant de la cathédrale. Comme l’ajout d’un chef d’orchestre aurait été anachronique, les musiciens ont partagé les tâches de direction entre le haute-contre Dominique Visse de l’Ensemble Clément Janequin et Pablo Valetti du Café Zimmermann depuis son violon. Les parties antiphoniques étaient particulièrement réussies, notamment celles chantées par le ténor soliste Olivier Coiffet. Le Magnificat de Rosenmüller semblait plus soigné et unifié, avec un phrasé exquis du violoncelliste Petr Skalka et des contributions virtuoses des cornettistes Jean-Pierre Canihac et Clément Formatche.

Ensemble Clément Janequin
Ensemble Clément Janequin © Ensemble Clément Janequin

Comme bis, les musiciens ont interprété un arrangement du cantique de Noël « Minuit, chrétiens » d’Adolphe Adam. Aussi bizarre que cela puisse être d’entendre cet air familier du XIXe siècle accompagné par des sacqueboutes et des cornets à bouquin – surtout après la musique sobre de Rosenmüller – cela a conclu en beauté cette soirée festive.

Jacqueline Letzter et Robert Adelson, historienne de la littérature et musicologue, sont les auteurs de nombreux livres, dont Ecrire l'opéra au féminin (Symétrie, 2017), Autographes musicaux du XIXe siècle: L’album niçois du Comte de Cessole (Acadèmia Nissarda, 2020) et Erard: a Passion for the Piano (Oxford University Press, 2021). Ils contribuent à des chroniques de concerts dans le midi de la France.

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