Aseulement 26 ans, Thomas Ospital fait vibrer les plus prestigieuses tribunes, en France et à l’étranger. Avant l’inauguration de l’orgue de Radio France, où il sera en résidence dès la rentrée, et avant le Jour de l’Orgue, rencontre avec un jeune organiste dont le talent n’a assurément pas attendu le nombre des années.
Comment s’est passée votre première rencontre avec l’orgue ?
En fait, à l’âge de 10 ans, j’accompagnais mon père lorsqu’il chantait à la chorale paroissiale. Lors d’une répétition, je m’ennuyais, et le chef de chœur m’a alors appelé pour donner le ton. Il s’est passé un véritable coup de foudre musical ! A 11 ans j’ai pris mes premiers cours de claviers et je me souviens avoir accompagné ma première messe à cet âge-là, un jour de Pentecôte. De 13 à 18 ans, j’ai fait mes études au conservatoire de Bayonne avec Esteban Landart. Je suis entré ensuite au Conservatoire de Paris où j’ai eu la chance d’étudier l’orgue avec des professeurs comme Olivier Latry, Michel Bouvard, Thierry Escaich, Philippe Lefebvre… C’est aussi vers mes 18 ans que j’ai donné mes premiers vrais récitals. C’est toujours une joie renouvelée pour moi ! Ayant fait du théâtre plus jeune, j’ai toujours aimé la scène, le contact avec le public.
En septembre, vous serez le premier organiste en résidence à Radio France. Pouvez-vous nous en parler ?
Mes missions comme organiste en résidence à la Maison de la Radio sont multiples et évolueront au cours de la saison. Il s’agira d’ouvrir plusieurs concerts symphoniques par une pièce d’orgue afin de permettre au public de découvrir l’instrument et de faire évoluer la représentation qu’ils s’en font, en essayant de sélectionner des morceaux en rapport avec le programme ; intervenir durant le weekend des Journées du patrimoine, avec le choeur de Radio-France. Et en juin 2017, lors du dernier concert de la saison, créer une œuvre qui aura été commandée à un compositeur n’ayant jamais écrit pour l’orgue et que j’aurai accompagné tout au long de son travail afin qu’il puisse exploiter au mieux l’instrument. D’autres activités s’ajouteront très certainement au fil de la résidence.



Avant cette résidence, vous interviendrez deux fois à Radio-France, le 7 mai et le 13 juin. Quel est le programme de ces deux rendez-vous ?
Le 7 mai, j’improviserai sur un conte de Pierre Senges « Etranges murmures à l’Hôtel Larigov » avec Michel Vuillermoz de la Comédie-Française comme récitant. L’orgue sera un personnage omniprésent à l’intérieur de l’histoire. Il viendra ponctuer le texte, accompagner la lecture, parfois il sera soliste ou réalisera des bruitages. J’utiliserai au maximum les possibilités de l’orgue !
Le 13 juin, il s’agira d’un atelier-concert sur l’orgue au cinéma où nous verrons en public comment se prépare un ciné-concert. Pour réussir cet accompagnement musical, il faut prendre en compte différents paramètres comme la densité de la musique, le style musical, le tempo de l’image… Utiliser des leitmotive musicaux pour certains éléments du film : les personnages, les types d’actions… De plus, il faut avoir conscience de la totalité du film. J’échangerai aussi avec le public et terminerai l’atelier avec un exemple concret.
Radio France n’est pas votre première résidence, vous avez également été pendant six mois jeune artiste en résidence à la Cathédrale Saint-Louis de la Nouvelle Orléans aux États-Unis. En quoi cela consistait ?
Oui, c’est le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris qui m’a envoyé là-bas. Chaque année, un organiste de l’établissement y effectue une résidence. J’effectuai beaucoup de concerts à la cathédrale, j’assurais aussi des messes et donnais quelques cours d’improvisation. Aux Etats-Unis, la culture de l’orgue est un peu différente de la nôtre car, par exemple, je ne pouvais pas improviser lors des offices… C’était uniquement de l’accompagnement – mais avec des choeurs d’une excellente qualité ! – et du répertoire.
Justement, en parlant d’improvisation, quelles qualités faut-il à un improvisateur ?
Je pense qu’il faut avoir une culture musicale assez large et se nourrir continuellement de musique écrite et composée. Il faut aussi jouer du répertoire et ne pas « s’enfermer » dans l’improvisation afin de voir d’autres procédés compositionnels, d’autres langages et d’autres moyens de traiter l’instrument. En clair, il faut se renouveler constamment pour ne pas rentrer dans des schémas d’improvisation !
Vous avez été nommé titulaire de l’orgue de Saint-Eustache en 2015 aux côtés de Baptiste-Florian Marle-Ouvrard. Quelle place tient la liturgie dans votre vie d’organiste ?
Comme je l’ai expliqué, c’est par là que j’ai commencé. Depuis ma nomination, j’accompagne régulièrement les offices à l’église Saint-Eustache, qui possède une vraie ambition musicale. La partie liturgique me plaît toujours autant et je suis très heureux ici ! Il faut dire que le potentiel de cet orgue est vraiment très intéressant.
Des projets de disque ?
Oui, j’enregistre mon premier disque pour Hortus en août à Saint-Eustache. Il s’agira de pièces de Franz Liszt avec notamment des transcriptions de Louis Robilliard car ce répertoire fonctionne très bien sur cet instrument. Pour l’enregistrement, j’utiliserai la console mobile de l’orgue car elle offre de multiples possibilités.